Hong Kong Convention and Exhibition Centre - Hall 5G La Galerie Art Asiatique vous accueille sur le stand C1 Date : 28 au 30 mai 2012 de 11h à 19h
Pour voir les objets du catalogue, cliquez ici http://www.art-asiatique.com/fr/galeries/theme-24-reve-de-dragon
Le dragon, animal mythique, symbole emblématique de la force et du pouvoir m’a toujours
fasciné et j’ai souhaité en cette année 2012, au travers de cette exposition intitulée « Rêve
de dragon » lui rendre hommage à ma façon !
Amoureux d’art chinois depuis de nombreuses années, il fait partie de ma vie et des
symboles qui animent mon quotidien. Depuis toujours, il me fait rêver et même si je passe
mon temps à le chasser, il est mon animal préféré !
Même si je ne crois que très peu au hasard, voilà quelque temps, à Paris, j’ai fait une
rencontre des plus inhabituelles, une de ces rencontres qui ne s’oublie pas, un chasseur
de dragons français !
Des dragons qui ne seraient en fait non pas des copies ou des imitations mais de vraies
créations d’artistes ayant travaillé pour les plus grandes maisons parisiennes à la fin du
XIXème siècle.
Très peu d’ouvrages et de publications existent à ce jour et la documentation originale est
secrètement gardée par quelques collectionneurs privés.
Pour autant, de rares exemples provenant de ces mêmes maisons sont conservés
précieusement dans des musées tels que le Musée d’Orsay, le Musée des Arts Décoratifs,
le Musée Condé de Chantilly et le Victoria and Albert Museum qui ont eu la sagesse de les
acquérir avant leur remise en lumière !
Ce chasseur de dragons français s’appelle Laurent Vanlian, il est l’expert reconnu en France
pour les meubles et objets de ces maisons et c’est grâce à lui que cette exposition est née.
Sa passion pour ces dragons l’a amené depuis plus de vingt ans à réunir documents et
oeuvres originaux.
Il m’a fait l’immense plaisir de s’investir personnellement en nous prêtant de très rares
spécimens provenant de sa collection privée et je tiens à le remercier.
D’un commun accord, nous avons tenu à accompagner ces quelques lignes d’une préface
rédigée par Alain Cadeo, ami de toujours et écrivain passionné que je remercie. Ces
quelques pages vous permettront, j’espère, de redécouvrir un petit morceau de passé
bien trop souvent oublié.
Cédric CURIEN
‘’Nil humanum a me alienum esse puto’’
‘’Rien de ce qui est humain ne m’est étranger’’
Terence : 185-159 av. JC
‘’Toute idée, humaine ou divine,
qui prend le passé pour racine,
a pour feuillage l’avenir.’’
(Les rayons et les ombres 1839)
Victor Hugo
Le Commerce toujours fut fruit de l’Aventure. L’Aventure se nourrit de nos rêves. L’Objet
n’est-il pas dès lors la « cristallisation » de nos humaines rencontres.
Le commerce fut et sera toujours capable de capter l’intelligence des peuples et leur goût.
Et si les goûts se fabriquent ils ne peuvent s’épanouir que sur un terreau contenant les
grands mythes universels. Jung ne disait-il pas : « L’Homme sans mythe est comme un
déraciné ».
La Chine, « l’Empire du Milieu », Cathay, le continent de l’Age d’Or fut et est encore le
lieu clos de tous les fantasmes. Son inextricable forêt de symboles trouvera des échos
troublants et inconscients chez tous les peuples qui l’approcheront.
Des Romains et des Grecs à Marco Polo, des Jésuites aux marchands merciers parisiens, du
Moyen-Age à nos jours, la Chine n’aura cessé d’être pour l’Europe et plus particulièrement
pour la France une terre mythique, l’endroit d’un rêve civilisé et le royaume d’une
« concrète » beauté.
« L’Empire du Milieu » semble avoir suscité une insatiable curiosité doublée d’une
mystérieuse fascination. Paul Demiéville dans son anthologie de la poésie Chinoise
classique (Gallimard 1982) nous livre sans doute une clef lorsqu’il nous parle de : « ce grand
peuple, à la fois le plus terre à terre et le plus subtil… » capable par le biais de sa nature
poétique de concilier le pragmatisme d’un Confucius et l’absolue fantaisie du Taoïsme.
Ce désir de liberté insufflé par la Chine est perceptible depuis la Renaissance chez les
amateurs de curiosités. Mais il va par le biais des importations d’objets, faïences,
porcelaines, meubles, peintures, jardins, mais aussi des idées philosophiques et religieuses
captiver le XVIIème et le XVIIIème siècles français.
En 1697, un Leibniz, mathématicien et philosophe, dans l’avant-propos de son ouvrage :
« Novissima sinica » s’émerveille : « Mais qui eût jamais cru qu’il y avait sur le globe un
peuple qui nous surpassait par sa culture généralement plus raffinée encore que la nôtre,
nous qui pensions pourtant nous être élevés au sommet absolu de l’urbanité ? »
Il faudrait ici pour comprendre l’imprégnation européenne de ce Paradis lointain
mentionner quantité d’ouvrages écrits par les pères missionnaires et les Jésuites, les
Matteo Ricci (1552-1610), les Johann Adam Schall (1592-1666), Les Martin Martini (1614-
1661).
Bien avant eux au XIVème siècle il y eut les récits d’Odoric de Porderone ou de Giovanni de
Marignolli ou plus près de nous ces trente-quatre volumes parus de 1703 à 1776 écrits
par les « bons pères » et intitulés : « Lettres édifiantes et curieuses écrites des missions
étrangères. »
Le talent des merciers parisiens, « marchands de tout et faiseurs de rien » comme les
nommait Diderot fut au XVIIIème siècle de diffuser et « d’enjoliver » en les adaptant au goût
français objets et meubles chinois.
Les « Chinoiseries » étaient nées. Elles déferlaient dans les salons chez Madame de
Pompadour, Madame du Barry, puis Marie-Antoinette pour sous le second empire devenir
la coqueluche d’Eugénie et des grands de ce monde.
La première partie du XIXème siècle verra l’engouement du public glisser, histoire oblige,
vers l’Egypte et l’Orient.
Si le second Empire fut le règne des grandes banques et de l’industrialisation, dandies,
post romantiques, symbolistes, se sentent étrangers dans ce nouveau monde, exilés.
De Baudelaire à Mallarmé, de Nerval à Victor Hugo, pour tous il s’agit de « fuir, là-bas,
fuir ! ». L’azur et les nuages, invitations aux voyages, brises de l’irrationnel, tout est fait
pour conduire à l’ivresse. L’Extrême Orient revient alors hanter les rêves du poète. Jules et
Edmond de Goncourt, Pierre Loti, Claudel, Proust… le parfum des lotus inonde tout Paris.
L’exotisme est lancé !
Un certain « nomadisme intellectuel » et affectif a besoin de se nourrir de formes
inhabituelles. Un article de Baudelaire sur l’Exposition Universelle de 1855 tente de définir
ce trouble face à une beauté venant d’autres horizons : « Le beau est toujours bizarre. Je
ne veux pas dire qu’il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait
un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu’il contient toujours un peu de bizarrerie,
de bizarrerie naïve, non voulue, inconsciente et que c’est cette bizarrerie qui le fait être
particulièrement le Beau… »
Comment ne pas reconnaître ici les créations étonnantes de ces maîtres ébénistes,
sculpteurs, orfèvres, décorateurs, qui inlassablement présentèrent leurs « chinoiseries »
aux expositions universelles de cette seconde partie du XIXème siècle.
Le poète, comme ces artistes, tous ont besoin de réinventer ce « là-bas » , nourri de dragons
magots et chimères.
Gabriel Frédéric Viardot (1830-1904), Perret et Vibert et la Maison des Bambous, Georges
et Henri Pannier et l’Escalier de Cristal, Beurdeley, Barbedienne et Dai Nippon reprennent
le travail des marchands merciers du XVIIIème siècle. Ils sont créateurs et diffuseurs de cet
imaginaire autour de la Chine et permettent ainsi à toute une génération de voyager dans
la magie des symboles.
« Suggérer, voilà le rêve. C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole… »
Mallarmé
Les ateliers de ces maisons devenues célèbres, s’enrichissent d’ouvriers sculpteurs et
ébénistes, de maîtres bronziers, de tourneurs et autres compagnons.
Esthètes et collectionneurs sont séduits par le raffinement d’un Extrême Orient adapté
au goût français. Des artistes compositeurs tels que Debussy et Ravel, des écrivains
comme les frères Goncourt, J.K Huysmans, des hauts fonctionnaires, des banquiers, une
aristocratie Proustienne, des acteurs, tous éprouvent une fascination pour cet « ailleurs »
que l’on peut transplanter chez soi à l’abri des salons et palais et des serres et des jardins
d’hiver dans la douce lumière des lanternes, dans l’ombre frémissante des roseaux.
Oui, le talent des ces créateurs de meubles et d’objets arrivait à point pour gommer
quelque peu la détestable image d’Européens dits « civilisés » ayant participé à la triste
expédition de Chine.
Comment ne pas comprendre l’importance de la civilisation chinoise en lisant la lettre de
Victor Hugo au Capitaine Butler datée du 25 novembre 1861.
La colère du poète est immense. « Il y avait dans un coin du monde une merveille du
monde ; cette merveille s’appelait le Palais d’Eté. L’art a deux principes, l’Idée qui produit
l’art Européen et la chimère qui produit l’art oriental. Le Palais d’Eté était à l’art chimérique
ce que le Parthénon est à l’art idéal… Cette merveille a disparu… »
Dès lors, par le biais des « chinoiseries » s’approprier un peu de cette magie détruite, c’était
sans doute aussi entrer dans des régions de l’Esprit véhiculant une sorte de mystérieuse
poétique religieuse.
Comme les poètes-prophètes ce que les Viardot, Perret et Vibert et autres ateliers avaient
pressenti, c’est bien l’éternité d’un envoûtement, le mystère d’un continent ayant toujours
plané sur l’âme européenne.
Alain CADEO 17 Mars 2012
Gabriel-Frédéric VIARDOT (Paris, 1830 – Paris, 1904)
Gabriel Viardot débuta sa carrière de sculpteur sur bois à l’âge de onze ans puis quatre
années plus tard, il fut nommé premier ouvrier de la maison Jeanselme qui, à cette époque,
en occupait déjà une centaine.
A 19 ans, il se mit à son compte et la même année, lors de l’Exposition d’horticulture,
Gabriel Viardot fut récompensé d’une médaille de bronze.
A l’Exposition Universelle de Paris en 1855, une médaille de bronze lui fut à nouveau
décernée.
Il tira parti des meubles chinois et japonais envoyés en France pour mieux les adapter aux
goûts et usages européens tout en conservant le style asiatique.
Il se mit à l’oeuvre dès 1870 et à l’Exposition universelle de Paris en 1878, il obtint une
médaille d’argent ; ses meubles eurent un immense succès.
Gabriel Viardot se perfectionna dans ce genre et donna à ses meubles un cachet tout
particulier en se servant de panneaux laqués et en relief que la Chine et le Japon lui
envoyaient mais aussi d’incrustations de nacre du Tonkin.
Il magnifiait également ses meubles de bronzes dont il concevait lui-même les modèles.
En 1884, il obtint une médaille d’or à Nice.
La même année à l’Union Centrale des Arts décoratifs et en 1885, à l’Exposition d’Anvers,
il fut élu par ses collègues membre du jury hors concours.
A cette même date, sa maison employait une centaine d’ouvriers tant sculpteurs
qu’ébénistes sans compter une vingtaine de personnes à l’extérieur qui s’occupait du
découpage, de la moulure, du tournage, et des bronzes. Les ateliers étaient dirigés par
trois contremaîtres dont un était son collaborateur depuis vingt-cinq ans.
Gabriel Viardot eut beaucoup d’élèves dont plusieurs se sont établis et ont prospéré ; ses
collaborateurs furent ses élèves dont quelques-uns travaillèrent avec lui pendant vingtsept
ans.
Il était connu pour la qualité et le grand raffinement de ses créations et acquit très vite une
grande notoriété auprès d’une clientèle d’esthètes et de collectionneurs issue du monde
de l’art, de la finance et de la haute administration.
Aux Expositions Universelles de 1889 et de 1900 à Paris, Viardot obtint de nouveau une
médaille d’or pour son mobilier chinois.
PERRET et VIBERT « LA MAISON DES BAMBOUS »
En 1872, Ernest Vibert ouvrit à Paris au 33 rue du Quatre-Septembre « La Maison des
Bambous » qui proposait des meubles en bambou décorés de laque et créait des décors
exotiques ornés de grandes draperies et de pots anciens.
Cette maison, connue aussi pour ses créations en rotin naturel, proposait alors un large
choix de petits meubles et sièges (fauteuils, canapés, chaises longues) en rotin, bambou
et jonc émaillé.
Ce mobilier d’une grande fantaisie et aux lignes harmonieuses était destiné à meubler les
jardins d’hiver, vérandas, terrasses des maisons bourgeoises et à décorer les hôtels et les
yachts les plus prestigieux.
Il participa aux grandes expositions internationales avec succès notamment celles de Paris
en 1889 où il présenta des sièges en rotin et 1900 avec des meubles en bambou laqués et
marquetés très soignés. Son travail fut récompensé de deux médailles d’argent.
Son rayonnement était alors international et suscita des commandes les plus extravagantes
de la part de riches commanditaires.
Après la Première Guerre Mondiale, Gaston Vibert, fils d’Ernest Vibert, et son associé
Robert Perret s’installèrent au 170 boulevard Haussmann dans un immeuble de grand
standing dont les salons au sous-sol avaient été conçus par Ruhlmann.
Gaston Vibert fit de longs séjours en Extrême-Orient d’où il ramena des sculptures Khmers,
des paravents de Coromandel et des services de porcelaine de la Compagnie des Indes.
Les trois étages du magasin étaient remplis de bibelots, d’objets en ivoire, en jade, en
laque directement importés d’Extrême-Orient.
En dehors de leur spécialité, la maison Perret et Vibert proposait à sa clientèle un large
choix de mobilier et d’objets d’art anciens : soieries, étoffes, porcelaines et bronzes.
Les compositeurs Claude Debussy et Maurice Ravel, mais aussi des écrivains et des grands
collectionneurs, fréquentaient la maison Perret-Vibert.
Après la Seconde Guerre Mondiale, le goût ayant évolué, le directeur de la galerie Louis
Bidreman proposa des meubles architecturaux aux multiples portes coulissantes, des
tables basses en bois noir ou en laque ainsi que des bronzes animaliers.
En 1994, la galerie Perret-Vibert ferma ses portes.
BEURDELEY
Beurdeley est l’une des plus importantes entreprises d’ébénisterie d’art de la seconde
moitié du XIXème siècle.
Trois générations s’y succédèrent :
- Jean (1772-1853), modeste artisan, vint s’établir à Paris sous le Premier Empire. Il ouvrit
un magasin de curiosités où il vendait de beaux meubles et objets d’art achetés ou mis en
dépôt par les meilleurs artisans. Situé tout d’abord au 355 rue Saint-Honoré en 1818, son
magasin déménagea par la suite au 364 en 1820.
Il fit l’acquisition du pavillon de Hanovre situé au coin de la rue Louis-Legrand et du
boulevard des Italiens.
- Louis-Alfred-Auguste (1808-1882) reprit l’entreprise de son père Jean en 1840 et transféra
le magasin et l’atelier rue Louis-Legrand dans le pavillon de Hanovre que son père venait
d’acheter.
Il adjoignit au commerce de mobilier, d’objets d’art et de tableaux un atelier de restauration
de meubles et donna un essor considérable à l’entreprise de son père.
Il se spécialisa dans la création de meubles inspirés de ceux du XVIIIème siècle et plus
particulièrement Louis XVI. Il devint rapidement par la qualité de sa fabrication, l’ébéniste
le plus réputé de Paris dans ce genre. On comptait parmi ses clients le duc de Nemours,
Napoléon III et l’Impératrice Eugénie.
Il participa et brilla aux Expositions Universelles de 1855 et de 1867 où il remporta une
médaille de bronze et une médaille d’or.
- Alfred-Emmanuel-Louis (1847-1919), fils de Louis-Alfred-Auguste devint son collaborateur
puis son successeur en 1875. Il conserva le magasin du pavillon de Hanovre.
Il maintint la haute renommée de la maison et sut lui donner un nouvel éclat par son esprit
d’initiative et son goût éclairé.
En effet, il se spécialisa dans la fabrication de meubles de luxe fidèlement copiés sur les
beaux meubles anciens du Garde-meuble et excella dans cette discipline.
Il ne créa que peu de meubles originaux.
Il participa aux expositions internationales de Paris en 1878, d’Amsterdam en 1883 où il fut
récompensé d’une médaille d’or et fut membre du jury à Paris en 1889 où il présenta dans
un grand stand de nombreux meubles et objets.
Il ferma ses ateliers en 1895 et vendit ses collections.
MAISON DE L’ESCALIER DE CRISTAL (1804-1923)
La maison de l’Escalier de Cristal a été fondée en 1804 à Paris au Palais Royal, 162-163
galerie de Valois par la veuve Desarnaud, née Marie-Jeanne-Rosalie Charpentier, laquelle
avait acquis une certaine renommée puisqu’elle était la première commerçante de son
temps à proposer des pendules, candélabres et vases d’ornement associant le cristal taillé
et le bronze doré.
Le nom de cette maison faisait référence aux balustres en cristal de l’escalier qui reliait
les étages de la boutique installée galerie de Valois et indiquait la spécialité première de
la maison : Le cristal taillé.
Vers 1830, la maison fut reprise par Boin, tailleur et graveur, qui n’a pas su maintenir une
telle réputation.
Après un passage à vide, l’établissement revint sur le devant de la scène dans les années
1840 grâce à son nouveau propriétaire Pierre-Isidore Lahoche (1805-1882), instigateur du
néo-rococo.
En 1852, Lahoche s’associa avec son gendre Emile-Augustin Pannier (1828-1892) sous la
raison sociale « Société Lahoche et Pannier » qui devint « Pannier, Lahoche et Cie » en 1867
lorsque Isidore Lahoche cessa toute activité professionelle.
Homme d’affaires et de flair, Emile Pannier transféra le magasin en 1872 dans le quartier
le plus prospère de l’Opéra, à l’angle de la rue Scribe et de la rue Auber à côté du Grand
Hôtel, fréquenté par une clientèle riche avide de nouveautés.
La galerie proposait une quantité innombrable de lustres, pendules et vases dominés par
le néo-Louis XV et le goût chinois.
En 1885, Georges (1853-1944) et Henri Pannier (décédé en 1935), fils d’Emile Pannier,
fondèrent la société « Pannier Frères et Cie » et se lancèrent dans la création de meubles.
Ils travaillèrent en collaboration avec des laqueurs, des bronziers, des ébénistes, des
peintres et des décorateurs.
De grands créateurs tels Louis Majorelle, Edouard Lièvre et Gabriel Viardot ont été associés
aux créations extrême-orientales de l’Escalier de Cristal.
Toujours soucieux de la qualité du matériau et du raffinement de l’exécution, cette maison
se situait d’emblée dans la tradition des plus luxueuses productions de l’ébénisterie
parisienne.
Son ambition était de recréer délibérément un Orient imaginaire mais selon des modes
occidentaux.
La maison de l’Escalier de Cristal joua le rôle de marchand-éditeur, à savoir un intermédiaire
intelligent entre le fabricant et le client tel un marchand mercier au XVIIIème siècle. C’était un
propagateur de goût.
Ainsi, elle participa à toutes les expositions de son temps et remporta de nombreuses
médailles : Médaille de bronze à l’Exposition universelle de Londres en 1851, médaille
d’argent aux expositions de New York en 1853 et de Paris en 1855, médailles de bronze
aux Expositions universelles de Londres en 1862, de Paris en 1867 et 1878 et médaille d’or
à l’Exposition universelle de Paris en 1900.
L’Escalier de Cristal ferma ses portes en 1923.
Ferdinand BARBEDIENNE (1810-1892)
Ferdinand Barbedienne débuta très jeune, à l’âge de douze ans, chez Dumas, un fabricant
de papiers peints à Paris.
En 1838, il commença une nouvelle carrière, celle de fondeur, en association avec Achille
Collas (1795-1859), inventeur d’un procédé de reproduction de statues à plus petite
échelle et ils fondèrent un an plus tard la maison « A. Collas et Barbedienne », installée
au 30 boulevard Poissonnière, spécialisée dans les reproductions d’antiquités grecques et
romaines.
En 1859, Collas décède laissant Ferdinand Barbedienne seul à la tête de l’entreprise
devenue « F. Barbedienne ».
Présente à toutes les grandes Expositions Universelles du XIXème siècle, la Maison
Barbedienne remporta de nombreuses récompenses :
- Londres, 1851, deux grandes médailles (Council Medals),
- Paris, 1855, une grande médaille d’honneur et onze médailles de coopérateurs pour les
travaux de ses ciseleurs et de ses monteurs. Ses envois comprenaient des réductions en
bronze de sculptures ainsi que des meubles, vases, coupes, candélabres et autres objets
décoratifs ainsi que des pièces dans le style néo-grec.
- Londres, 1862, médailles dans trois classes différentes : meubles d’art, bronzes d’art et
orfèvrerie. Barbedienne exposa des émaux dits cloisonnés.
- Paris, 1867, hors concours en sa qualité de membre et de rapporteur du jury. Il présenta
de nouveau des émaux cloisonnés qui furent très remarqués.
- Vienne, 1873, deux diplômes d’honneur, la médaille du Progrès et 25 médailles de
collaborateurs.
- Paris, 1878, grand Prix, grande médaille d’or, diplôme d’honneur et 28 médailles de
collaborateurs.
Les succès rencontrés par la Maison Barbedienne lors de ces expositions lui valurent de
nombreuses commandes officielles telle la réalisation entre 1850 et 1854 du mobilier de
style Renaissance pour l’Hôtel de Ville de Paris, celle après 1855 des bronzes d’ameublement
pour la Maison pompéienne du Prince Napoléon et pour les résidences impériales.
Barbedienne s’entoura des plus grands artistes de son temps : les peintres-émailleurs
André-Fernand Thesmar (1843-1912) et Alfred Serre (1837-1906), le sculpteur Ferdinand
Levillain (1837-1905), le sculpteur ornemaniste Constant Sévin (1821-1888) qui fut son
principal collaborateur de 1855 jusqu’à sa mort en 1888 ou encore le ciseleur-ornemaniste
Désiré Attarge (vers 1820-1878).
En 1867, Barbedienne fut nommé officier de la Légion d’Honneur puis commandeur en 1878.
A sa mort en 1892, son neveu et associé, Gustave Leblanc-Barbedienne, lui succéda à la
tête de la maison.
De 1860 à 1890, Barbedienne expérimenta de nouvelles techniques dans le domaine des
émaux champlevés et cloisonnés afin de concurrencer les importations orientales alors
très en vogue. Suivant l’exemple de l’atelier d’émaillerie de la manufacture de Sèvres,
Barbedienne introduisit l’émail dans sa fabrication d’objets d’art : émaux champlevés
« byzantins » (dès la fin des années 1850) puis émaux peints néo-Renaissance et émaux
cloisonnés d’influence extrême-orientale.
Aucune autre maison ne parviendra à intégrer avec un tel succès l’emploi de l’émail dans
une production à échelle industrielle.
DAÏ-NIPPON
Daï-Nippon était une compagnie française fabriquant des meubles de style chinois et
japonais utilisant des matières importées afin de les incorporer dans le mobilier fabriqué
dans les ateliers à Paris.
Elle fut créée à Paris en 1889 ; ses magasins étaient situés aux 3 et 5 boulevard des
Capucines dans le 2e arrondissement tout près de l’Opéra.
Elle était spécialisée dans les objets d’art et les meubles chinois et japonais qu’elle faisait
directement importer de Chine et du Japon grâce à ses nombreux comptoirs d’achats :
Shanghai, Canton, Hong Kong, Yokohama, Kobé et Nagasaki puis ils étaient retravaillés
dans les ateliers afin de les adapter au goût européen.
BACCARAT
En 1764, le roi Louis XV donna la permission à l’évêque de Metz, Monseigneur de
Montmorency-Laval (1761-1802), de fonder une verrerie dans le village de Baccarat à l’Est
de la France en Lorraine.
Après la Révolution Française, l’entreprise périclita jusqu’à sa faillite en 1806, date à
laquelle elle fut vendue aux enchères à un négociant de Verdun. Les activités de la verrerie
continuèrent ensuite avec difficulté jusque 1816.
En 1816, la Verrerie fut rachetée par un industriel, Aimé-Gabriel d’Artigues (1773-1848).
Le 15 novembre de la même année, le premier four à cristal fut mis en route et plus de 300
personnes travaillèrent sur le site.
Le véritable démarrage de l’entreprise date de son rachat en 1823 par un parisien fortuné,
Pierre-Antoine Godard-Desmarest qui confia la direction de la société à Jean-Baptiste
Toussaint.
Baccarat reçut sa première commande royale en 1823 du roi Louis XVIII. Cela fut le début
d’une longue série de commandes pour les familles royales et chefs d’état de toute la
planète.
En 1855, Baccarat participa à l’Exposition Universelle de Paris où elle fut récompensée
d’une médaille d’or.
À partir de 1860, Baccarat déposa sa marque sur toutes ses pièces. La production de cristal
prit une grande ampleur durant cette période et Baccarat se forgea une réputation mondiale
en fabriquant des verres de très grande qualité, des chandeliers, des vases et des
flacons de parfum.
En 1867, Baccarat participa de nouveau à l’Exposition Universelle de Paris et obtint une
médaille d’or. Le Japon était à l’honneur et présentait pour la première fois une séléction
d’objets dont la sobriété des formes et des décors, rompant avec l’ecclectisme dominant,
séduisirent les Européens.
Ces objets suscitèrent un véritable engouement pour l’art asiatique et contribuèrent au
renouvellement de la création en particulier dans le domaine des arts décoratifs, ce qui eut
une grande influence sur le travail de Baccarat.
En 1878, Baccarat remporta de nouveau une médaille d’or lors de l’Exposition Universelle
de Paris.
La même année, une nouvelle technique appelée la taillegravure, fit son apparition chez
Baccarat.
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